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L' Agenda militant du CAC

Les événements militants de Besançon et de son agglo !

Proposition du Front de Gauche sur les médias

Réponse du Front de Gauche au CAC                                                           Le jeudi 31 mai 2012.

à l’occasion de Médias en Résistance :

 

 

            Au Front de Gauche, nous sommes intimement convaincus que l’information, au même titre que l’éducation ou la culture, est un outil indispensable pour que chaque citoyen puisse déterminer en conscience, de manière libre et éclairée, ce qui lui semble être l’intérêt général. Une information permettant l’exercice du débat raisonné est pour le Front de Gauche tout à la fois une condition et un objectif de la révolution citoyenne que nous appelons de nos vœux. L’information est donc à la fois une condition et un objectif de la révolution citoyenne.

 

            Nous savons que l’industrie des programmes et de l’information est aujourd’hui un vecteur de l’idéologie dominante. Cela appauvrit le débat public et offre une image faussée de la réalité sociale du pays. L’absence récurrente de la question sociale, l’insistance sur les faits divers et la place disproportionnée accordée aux instituts de sondages et aux « experts » écartent l’information réfléchie dont devrait disposer le citoyen pour exercer ses droits.

 

Pour que la télévision, les radios et la presse écrite puissent favoriser le pluralisme et la diversité culturelle, des changements profonds sont nécessaires.

 

            La défense de l’industrie de la presse et des médias passe à nos yeux par la sauvegarde des milliers d’emplois actuellement menacés. La « crise du papier », en permanence « au bord du précipice économique » est un exemple significatif, et ce d’autant qu’elle touche la majorité des journalistes : « En 2008, 65,1% des journalistes travaillent sur le support papier. Ce support concerne ainsi une majorité des professionnels, même si sa part diminue progressivement : en 2000, 68,7% des journalistes travaillaient sur ce support, et 66,4% en 2005. » La part de marché de la presse baisse régulièrement et devrait atteindre – 30% en 2012.

            Il faut également qu’une transformation des conditions sociales des métiers concernés ait lieu. Ces métiers sont marqués par une précarité et une intensification du travail qui les uniformisent et les dégradent. Ainsi, en 2008, « [la] part des moins de 35 ans est nettement plus importante parmi les journalistes en CDD (77,2%) et, dans une moindre mesure, parmi les journalistes pigistes (40,5%), comparé aux journalistes permanents (27,6%). En 2008, la moyenne d’âge des journalistes en CDD était de 31 ans, celle des journalistes pigistes de 39,5 ans et celle des journalistes permanents de 42,5 ans. » En 2008, 37,2% des pigistes gagnaient moins de 1 500 euros brut par mois, une proportion à peu près stable sur la décennie.

 

            Le service public de l’audiovisuel, noyé dans un océan standardisé, peine à se différencier des chaînes privées. Cela s’explique par le manque de financement. Celui-ci ne lui permet pas un véritable développement. La refondation d’un grand service public de la culture et de l’information est une de nos exigences. Une politique de la presse, des médias doit s’appuyer sur le triptyque : « liberté, démocratie et culture ». Il s’agit de permettre aux citoyens de se former à la maîtrise de l’usage des outils de communication, ainsi qu’à une lecture critique des médias via l’école, l’université et l’éducation populaire. Il est pour cela indispensable de soustraire les médias, audiovisuels et autres, à la domination des pouvoirs politiques et économiques. Il faut en premier lieu relancer les dispositifs anti-concentration dans la presse, la télévision et l’Internet, condition du pluralisme des idées et de la liberté de la création.

 

            Les mesures proposées par le programme du Front de Gauche L’Humain d’abord ont fait l’objet d’un travail d’approfondi. Elles sont le fruit d’une concertation entre professionnels de la presse et des médias, militants politiques, syndicaux (dont nombre de vos adhérents), ou simples citoyens, au sein d’un atelier du Front de Gauche de la culture et des médias.

 

Plusieurs d’entre elles répondent à vos questions :

 

1. Nous abrogerons le décret de nomination des présidents des chaînes publiques par le président de la République. Ils seront nommés par leur conseil d’administrationdans lesquels les représentants du personnel constitueront 50 % des membres.

 

2. Nous inscrirons la pérennité de financement de l’audiovisuel public dans la constitution comme l’a préconisé le rapport Clément.

 

3. Nous démocratiserons les entreprises. Le droit des salariés et leur représentation dans les conseils d’administration et comités d’entreprises seront accrus dans toutes les sociétés. Au-delà, la démocratisation du service public passe par une autre composition des conseils d’administration. Avec une place centrale pour les représentants des salariés autour de 50 % et des usagers, mais aussi par d’autres choix de contenus permettant une véritable différenciation avec le privé.

 

4. Le montant de la redevance sera porté par étapes au niveau européen. Son assiette devrait-être élargie à tous les modes de réception.

 

5. Nous ne souhaitons pas être dépendants de la publicité. C’est pourquoi nous financerons de manière pérenne France Télévisions dans le cadre du pôle public des médias. Celui- si sera alimenté par le prélèvement sur les recettes de la publicité et sur les opérateurs de télécommunications. De plus nous mettrons en oeuvre une réforme de l’imposition des groupes privés de communication, elle sera instaurée en fonction de leur politique de l’emploi.

 

6. Nous comptons maintenir et développer l’industrie des programmes de France Télévisions. Les rédactions locales comme nationales doivent être pérennisées.

 

7. Les relations entre producteurs privés et France télévisions doivent-être rééquilibrées. La décision du gouvernement d’imposer des commandes obligatoires aux producteurs privés, basée sur un chiffre d’affaires en valeur et pourcentage, sans tenir compte des besoins de France télévisions en terme de grille, est un non sens . Il en va de même pour le plafonnement à 5 % du seuil de production dépendante de France télévisions. Les « décrets Tasca », qui interdisent de facto aux chaînes de télévision publique de produire et de réaliser la majorité de leurs émissions seront abrogés.

 

8. France télévisions doit être présente sur toutes les plates-formes numériques, sur tous les supports. Par ces développements, la possession des droits par l’audiovisuel public est un enjeu majeur de sa pérennité et de son développement futur. Le lancement de chaînes régionales de plein exercice sur la TVHD (programmes et information) permettrait enfin aux télévisions régionales de répondre à leur mission de service public.

 

9. L’existence de France O ne saurait-être l’excuse pour ne pas développer les stations de plein exercice dans chacun des outremers. Cela s’entend en terme de production et de diffusion. Ce n’est qu’à ces conditions que les peuples ultramarins seront traités à égalité avec les citoyens de métropole.

 

10. Le bouquet doit-être élargi. L’enfant doit disposer de programmes publics lui permettant de se former en tant que citoyen du monde.

 

12. Dans un premier temps, le Contrat d’objectifs et de moyens de France télévisions doit-être renégocié.

 

13. Une réforme de l’imposition des groupes privés de communication sera instaurée en fonction de leur politique de l’emploi en CDI (moins de 5 % de précaires), de leur respect des conventions collectives et de la Charte des droits et devoirs des journalistes. Les aides publiques y seraient conditionnées ; à cette fin sera mise en place dans chaque Conseil Régional une Commission tripartite (élus, employeurs, syndicats) d’attribution et d’utilisation des aides s’appuyant sur les Comités d’entreprises de presse ou les délégués du personnel. En cas de violation du Code du travail et des Conventions collectives, les aides publiques seraient suspendues. Le développement de France télévisions ne peut se faire au détriment de l’emploi, des conditions de travail et basé uniquement sur la remise en cause des acquis sociaux des salariés. Ces acquis sociaux étaient consignés depuis le début des années 80, après de longues luttes, dans les deux conventions collectives (journalistes, personnels techniques et administratifs) qui couvraient et unifiaient l’ensemble de l’audiovisuel public. Leur remise en cause a contribué à affaiblir le secteur public. A l’issue d’une discussion avec les syndicats, il faudra les rétablir.

 

A ces différents points s’ajoutent d’autres mesures concernant l’audiovisuel :

 

Inscrire le droit à l’information et à la culture dans la Constitution, tant pour les médias publics que privés.

 

Redonner vie au pluralisme, en interdisant par la loi les situations de monopole, national ou régional, pour les groupes financiers, industriels et de services. En interdisant également aux groupes tributaires de commandes de l’Etat de posséder des médias.

 

Assurer l’indépendance des rédactions ; donner un statut légal aux entités rédactionnelles comme le réclament les syndicats de journalistes. Légiférer pour assurer une étanchéité entre les actionnaires et les rédactions.

 

Créer, pour assurer la souveraineté populaire, des États Généraux des Médias. Constitués de professionnels, de parlementaires, de syndicats et d’associations, ils seront un espace de suivi de l’activité des médias et du respect des conventions. Les EGM pourront interpeller le Conseil Supérieur des Médias ou les Conseils d’administration des entreprises du pôle public.

 

Créer un Conseil Supérieur des Médias composé de parlementaires, syndicats et usagers, pour remplacer le CSA, qui a failli.

 

Refonder le secteur public de l’audiovisuel, de la production à la diffusion, associant les salariés et leurs représentants, les usagers et les élus de la Nation à son fonctionnement, pour des contenus plus démocratiques, plus représentatifs des classes populaires et des minorités.

 

Assurer la maîtrise publique des infrastructures, des centres de production, de diffusion, de recherche et des réseaux d’information.

 

Reconstituer le pole public industriel de télécommunication dont le noyau sera constitué par TDF et France Telecom/Orange re-nationalisées, qui géreront les infrastructures financées par les fonds publics.

 

Créer un Pôle public des médias qui rassemblera les réseaux de diffusion, de communication et les moyens de production de France télévisions, Radio France, l’audiovisuel Extérieur de la France (RFI, TV5 Monde, France 24), CFI, Euro news, l’INA et l’AFP.

 

Relancer un appel d’offres pour l’exploitation de la concession de TF1 sans exclure l’opportunité de sa réintégration dans le service public.

 

Les réflexions des syndicats, notamment de la CGT, les propositions d’Acrimed, ouvrent encore des pistes complémentaires, que nous travaillons. Nous enrichissons au quotidien ces propositions à travers notre « atelier législatif médias » dont les propositions seront portées par les parlementaires du Front de Gauches et surtout mises en débat auprès des citoyens.

 

Nous invitons tous vos amis, journalistes, techniciens et administratifs, attachés au service public, au pluralisme et à la liberté d’informer, à y participer activement.

 

            Toutes ces orientations constituent une complète rupture avec la politique du pouvoir actuel. Elles tranchent aussi avec les silences du programme de François Hollande sur nombre de ces questions (aides à la presse écrite, associative, à l’industrie, intervention des salariés) et qui nous inquiètent. De plus, si le PS constate, comme nous, que « les grands médias privés sont de plus en plus concentrés et sont de plus en plus contrôlés par des groupes industriels dont l’activité dépend pour partie de commandes de l’état », on ne saurait se borner à « réguler », à « limiter les  concentrations »… « sans interdire l’émergence de groupes multimédias capables de faire face à la concurrence internationale ».  Comment en effet ne pas interdire aux groupes tributaires des commandes publiques (Bouygues, Dassault, Lagardère, Bolloré, etc.) de posséder des médias, alors que les lignes éditoriales sont délibérément polluées par la soumission aux intérêts marchands de ces groupes ?

            Des réformes profondes devront être mises en œuvre si l’on veut une presse à la hauteur de nos principes démocratiques. Encore faut-il que les enjeux médiatiques soient bien considérés comme des enjeux décisifs, car touchant à la « bataille de l’imaginaire » et s’inscrivant dans notre projet culturel et d’émancipation humaine.

            Soyez assurés, chers amis, que le Front de Gauche sera à la hauteur de ses responsabilités pour que les professionnels exercent librement leur profession, avec les bénévoles de votre secteur, au sein de médias libres et pluralistes.

 

 

Le Front de Gauche 25

 

 

Cf. le chapitre qui lui est consacré dans Etats généraux de la presse écrite, Livre Vert, remis le 8 janvier 2009, pp. 58 et suiv.

Observatoire des métiers de la presse, « Etude des journalistes détenteurs de la carte de journaliste professionnel de 2000 à 2008 », mai 2009, p. 9.

20ème Observatoire de la presse, OJD, 24 mars 2010, diaporama, diapo 43.

Observatoire des métiers de la presse, « Etude des journaliste s détenteurs de la carte de journaliste professionnel de 2000 à 2008 », mai 2009, p. 4.

Ibid., p. 10.